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Rois et châteaux – Séminaire thématique des doctorants de l’ADSHS

Affiche du séminaire "Rois et châteaux"

L’association des doctorants en sciences humaines et sociales de Tours organise un séminaire sur le thème « Rois et châteaux ».

Ce séminaire se tiendra le mercredi 9 avril 2014 de 14h à 18h à la salle Saint-Martin du CESR (59 rue Néricault Destouches à Tours).

Au programme, deux interventions suivies de réactions de discutants et d’échange avec le public :

  • Timothée BARTKOWIAK, doctorante en histoire de l’architecture contemporaine, INTRU
    Chambord face à la Grande Guerre : un tournant décisif dans l’histoire d’un château et de son domaine
    Discutants (sous réserve de modification) : Solveig Bourocher et Alain Salamagne
  • Jennifer LUSSEAU, doctorante en histoire de l’architecture Renaissance, CESR
    La vision de l’architecture Renaissance dans l’oeuvre de Louis de la Saussaye
    Discutants (sous réserve de modification) : Diane Brochier, Jérôme Salmon et Benoist Pierre

Résumé des interventions

Timothée BARTKOWIAK, doctorante en histoire de l’architecture contemporaine, INTRU
“Chambord face à la Grande Guerre : un tournant décisif dans l’histoire d’un château et de son domaine.”

 La présente communication a pour but de mettre en avant les événements spécifiques liés à la Première Guerre mondiale. Cette période très courte, vient prendre place au sein de la thèse ayant pour titre : « Chambord : domaine princier, domaine national » qui développe les aménagements du château et du domaine, les campagnes de restauration architecturales, en passant par l’histoire sociale du territoire donné. Le début du XXe siècle marque la transition entre la période de Chambord en tant que propriété de la famille des Bourbon- Parme et celle qui ouvre une nouvelle ère, c’est-­à-­dire la période de propriété de l’État. La Première Guerre mondiale est donc la période clé de l’histoire du domaine de Chambord, puisque c’est dans les années 1910 que se scellera le destin du prestigieux château. Comment la Première Guerre mondiale a-­t-­elle marqué de manière significative l’histoire de Chambord d’un point de vue historique et architectural ?

1914 est la date fatidique du début de la Grande Guerre qui causa tant de pertes humaines et matérielles. Cette date, à l’échelle de Chambord, marque également le début d’un grand bouleversement dans l’histoire du château et de son domaine. En effet, depuis le décès de Robert de Parme en 1907 en Italie, l’État français cache de plus en plus difficilement ses intentions d’acquérir le château appartenant à la famille des Bourbon-­Parme depuis 1821. En 1907, lors de la succession de Robert de Parme, la justice autrichienne désigne l’héritier de Chambord et chef de famille comme étant S.A.R. Élie de Parme (1880­1959), petit-­neveu du Comte de Chambord.

Ayant échoué durant le XIXe siècle dans ses multiples tentatives, l’État finit par avoir une première fois gain de cause en 1915, à la suite d’une procédure judiciaire plaçant le château sous le coup du séquestre.

Les années de guerre à Chambord laissent le domaine sans restaurations architecturales dignes de ce nom : on se contenta de faire quelques réparations principalement aux abords du château et dans le domaine. La période de la Première Guerre mondiale est surtout intéressante d’un point de vue administratif et social. En effet, le placement sous séquestre engendre bien des bouleversements, tant sur le territoire de Chambord qu’au sein de la famille Bourbon-­Parme. En effet, Élie, frère de l’impératrice Zita d’Autriche, sert dans l’armée austro­-hongroise quand la guerre éclate. Par mécontentement, la France lui confisque l’ensemble de ses titres de propriétés en 1915 ainsi que le château de Chambord. La liquidation des biens du prince commence en 1919 en application des traités de Saint­­-Germain­-en-­Laye. Le Prince Élie est finalement contraint, après guerre, de vendre le château de Chambord et le domaine lui étant attaché. La période du séquestre peut être aujourd’hui considérée comme la transition entre la propriété de la famille Bourbon-­Parme ­ propriétaire des lieux pendant plus d’un siècle et l’acquisition par l’État en 1930 et sa finalisation judiciaire en 1932.

1914 – 1918 à Chambord est une période mouvementée, comparable à celle que connaît la France toute entière, et son étude précise permet de mieux appréhender l’histoire d’un château et de son domaine dans son passage de la sphère privée à la sphère publique…

Jennifer LUSSEAU, doctorante en histoire de l’architecture Renaissance, CESR
“La vision de l’architecture Renaissance dans l’œuvre de Louis de la Saussaye”

Le chevalier Jean­-François de Paule-­Louis de la Saussaye (1801-­1878) est un érudit connu comme historien du Blésois, membre de l’Institut, numismate, et recteur des académies de Poitiers et de Lyon. Ne pouvant accéder à la carrière militaire à laquelle sa famille le destinait, il se tourne vers l’histoire et l’archéologie. A partir de 1834, il va se passionner pour les châteaux de la Loire et publie une Notice sur le domaine de Chambord, puis une histoire du château de Blois, et un guide historique et artistique de Blois et ses environs, ouvrages qui eurent un important succès et connurent de nombreuses éditions. Une partie de mes recherches consiste d’ailleurs à comprendre quelle est sa vision de l’architecture Renaissance à travers ses ouvrages, tout en montrant que les nombreuses éditions sont également le moyen pour lui de faire évoluer sa pensée ainsi que de permettre au lecteur de suivre l’histoire contemporaine des différents édifices, en particulier leur restauration.

En 1828, il épouse Mademoiselle Amélie Petit-­Pareau de la Coudraye et obtient le domaine de Troussay comme cadeau de mariage de la part de son oncle et de sa tante qui l’avaient recueillie en 1815 à la mort de son père.

Ami de l’architecte Félix Duban et de Prosper Mérimée, il s’intéresse à la restauration et à la conservation des monuments historiques. Cet intérêt va d’ailleurs le conduire à restaurer son domaine de Troussay qui avait été « laissé fort à l’abandon » d’après lui. L’idée de cette restauration consiste à préserver la physionomie du vieux Troussay, tout en essayant de l’embellir davantage. Pour cela, il introduit au château des éléments de décors du XVe et du XVIe siècle provenant d’autres châteaux de la région et d’hôtels particuliers de Blois alors en voie de disparition. Afin de donner une image cohérente au décor, Louis de la Saussaye fait reproduire par son ami architecte du blésois, Jules Pottier de la Morandière, un décor de style Renaissance pour la façade sud et de style XVe siècle pour la façade nord. Pour cela, il fait réaliser des copies d’éléments de décor sur d’autres châteaux de la région. A travers ces travaux, on peut donc voir qu’il cherche à exprimer sa propre vision de la restauration et de l’architecture Renaissance. Cette vision se manifeste également dans ses ouvrages. Il rend alors à Troussay, un hommage à l’architecture du Blésois et de la Sologne. A la suite de ses restaurations une forte ressemblance avec le château de Blois peut être observée.