Rihvage

Journée d’étude : Cultures écrites à la cour de France (XVIIe-XVIIIe siècles)

Cette journée d’études constitue la première étape d’un programme consacré aux cultures écrites à la cour de France des XVIIe et XVIIIe siècles. Ériger la cour en objet scientifique est passé par un processus de diversification et de redécouverte des sources, qui a fait voler en éclats le cadre fixé par les discours bien connus des mémorialistes. Fixer l’attention sur les écrits produits par les institutions curiales ou mis en jeu dans le cadre de pratiques de cour est un moyen de prolonger cette démarche.En quoi les enjeux liés à la production et aux usages de ces écrits éclairent-ils le phénomène curial et en redéfinissent-ils les contours ? En quoi la cour est-elle un lieu d’observation original et pertinent des pratiques d’écriture ?

Dans cette double perspective, le choix de l’observation intensive d’une collection d’objets singuliers, riches de leurs enjeux et usages, vise à se déprendre de la cristallisation archivistique et historiographique de fonds d’archives et de catégories d’écrits. Contourner ces formes de mise en séries semblait en effet nécessaire afin d’accélérer le décloisonnement entre les diverses formes écrites de représentation et d’action à la cour et de rendre visible leurs interactions, y compris dans le jeu entre imprimé et manuscrit. L’ambition est donc de croiser les dynamiques actuelles de l’historiographie curiale, la réinvention des rapports entre histoire et littérature (qui a permis notamment de renouveler la compréhension des mémoires) ainsi que l’histoire des pratiques documentaires et des rationalités pratiques.

Le projet s’écarte ainsi d’une tradition féconde qui a insisté sur l’invention scripturaire de la cour et du lieu versaillais par les « artisans de la gloire » du roi, notamment dans le cadre de la « fabrication de Louis XIV ». Il s’agit pour nous de partir d’une large gamme d’écrits issus de fonctionnements de cour afin de mettre à l’épreuve une problématique nouvelle et d’en affiner les possibles déclinaisons méthodologiques et thématiques. En analysant la production, la publication et les usages d’objets qui participaient de l’existence matérielle et symbolique de la vie de cour, pourront émerger des relations entre expression de soi et formes bureaucratiques, entre travail administratif et action politique, entre logiques gestionnaires et logiques somptuaires. Si l’objectif de la journée est bien de saisir des modalités inédites de la production de la cour comme réalité singulière, elle aura aussi pour but de mettre ces objets écrits en relation avec les inventions scripturaires propres à d’autres lieux du pouvoir d’Etat. Ce sera aussi un moyen de saisir comment des acteurs dont la trajectoire passe par la cour s’emparent de ce lieu par l’écriture, et, par là, de questionner ce qu’il en est de la cour au prisme de parcours sociaux mettant en jeu des circulations de savoirs et de savoir-faire.

Télécharger le programme

Source