Une motte castrale dans le contexte des recompositions politiques au tournant de l’an mil (Région Centre, Indre-et-Loire)
Le diagnostic archéologique réalisé en juillet 2011 au pied de la motte castrale de Betz-le-Château, dans le sud de la Touraine, a fourni des données significatives sur les défenses mises en place à l’époque féodale dans le village. La datation du mobilier indique que la motte a été construite à la fin du xe s., c’est-à-dire dès les premiers mouvements d’émancipation des comtes et des princes face aux derniers rois carolingiens. C’est sans doute l’œuvre de Gilles de Betz, qui s’octroie ainsi le contrôle des voies de communication et de la population du village, situé sur un éperon rocheux et mentionné comme chef-lieu de viguerie à la fin du ixe s. Construite en barrage sur l’entrée du plateau, la motte castrale est composée d’un tertre artificiel entouré par un réseau de fossés et une enceinte en terre définissant trois espaces protégés aux fonctions différentes. Le premier est formé par le tertre dont le sommet accueillait sans doute une tour en bois ; il servait de place-forte et matérialisait la haute-cour. Le second espace, d’une surface à peu près identique, était assurément dévolu au stockage des denrées comme le prouvent les silos retrouvés. Protégeant sans doute aussi des résidences, il formait une première basse-cour directement au sud de la motte. À l’ouest, le troisième espace protégé, deux fois plus grand que les deux autres, englobait sans doute une grande partie du village (avec notamment l’église et le cimetière) et formait une seconde basse-cour. La motte et la première basse-cour ont été très vite délaissées par les seigneurs de Betz, qui ont sans doute préféré vivre dans le village, avant de se faire construire un château en pierre en contrebas de l’éperon, peut-être dès le xiie s. L’espace délaissé n’a pourtant pas été réoccupé, signe sans doute qu’au Moyen Âge, la motte est demeurée comme un symbole féodo-vassalique. Cela a orienté l’évolution du village, qui n’a pu se développer que sur les étroits versants de l’éperon.
Article complet : Samuel Riou et Flore Marteaux, « Une motte castrale dans le contexte des recompositions politiques au tournant de l’an mil (Région Centre, Indre-et-Loire) »,Revue archéologique du Centre de la France [En ligne], Tome 51 | 2012, mis en ligne le 06 février 2013, consulté le 13 janvier 2014. URL : http://racf.revues.org/1765