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Séminaire : Périphéries et banalités, XVIIIe-XXIe siècle. Des communs de châteaux à la périurbanisation du patrimoine

Le mardi 17 février 2015, de 17h00 à 20h00, aura lieu en salle 325 (Université François Rabelais) la quatrième séance du séminaire 2014-2015. Jean-Baptiste Minnaert, professeur à l’université François-Rabelais, et Christophe Morin, maître de conférences à l’université François-Rabelais, tous deux membres de l’INTRU, conjugueront leurs intérêts respectifs pour les périphéries urbaines et les châteaux, afin de réfléchir sur la manière dont ces deux objets, pensés ensemble, peuvent aider à repenser l’histoire du patrimoine architectural comme notre regard sur le paysage contemporain.

Les châteaux, objets symboliques centraux dans la société d’Ancien Régime sont censés avoir perdu toute signification avec la Révolution. Quatremère de Quincy d’ailleurs, dès 1788, dans l’Encyclopédie méthodique, professait “l’abolition d’un régime absurde [qui devait les] faire totalement disparaître”… L’idéologie n’a cependant pas toujours réussi à éliminer ni le mot, ni la chose. Si l’on peut se demander quelle part le hasard a pu jouer dans la préservation de telle partie plus ou moins signifiante du château, on ne peut évacuer le sens qu’ont pu avoir le donjon, le pigeonnier, le fossé, ni l’effet produit par un rempart ou un poteau seigneurial sur le passant. Les banalités : lavoir, four, moulin… qui font désormais partie du “petit patrimoine” participent de l’imaginaire du château. Ce dernier permettra une valorisation pertinente du patrimoine architectural périurbain, car il se trouve souvent pris dans les espaces nouvellement urbanisés. Les vestiges du château perdent-il du sens à la périurbanisation, ou en reçoivent-ils un nouveau ?

Les châteaux, leurs emprises ou leurs vestiges épars ont composé des paysages que la périurbanisation a bouleversés par effacements physiques ou symboliques, resserrements des horizons, mutations d’usages. Le périurbain se caractérise par la récurrence des pavillons, jeunes citadelles dont les haies de thuyas sont les remparts – la métaphore est consacrée –, agrégées en lotissements qui gravitent autour de réseaux et d’équipements. Pris isolément, ces éléments n’ont pas d’évidente destinée patrimoniale, mais ils s’assemblent en paysages complexes, dont la patrimonialisation nécessitera cependant de saisir la dimension régalienne, au sens où l’entendaient André Chastel et Jean-Pierre Babelon. Glorieux châteaux ou semis de vestiges, étalement périurbain anarchique ou policé : ces deux strates d’un même territoire se superposent moins qu’elles fusionnent. Châteaux et périurbain se confrontent en tant qu’objets, s’unissent dans le paysage.

Source : Intru